Georgia O’Keeffe fut une artiste américaine unique dans son genre et dans le monde de l’Art tout court. D’ailleurs à une époque où les femmes n’avaient pas le droit de votre aux Etats-Unis, Georgia O’Keeffe revendique d’être « artiste tout court » et non pas « femme artiste » comme beaucoup de ses contemporains essayaient de la « classer ».
En deux mots :« Les femmes ne peuvent créer que des bébés, disent les scientifiques, mais je dis qu’elles peuvent produire de l’art, et Georgia O’Keeffe en est la preuve »
Alfred Stieglitz, 1923 (?) Tweet
J’ai entendu parler de Georgia O’Keeffe pour la première fois vers 1998 quand une collègue de travail m’a parlé d’elle. J’avais regardé aussitôt sur Internet pour voir ses peintures, et la première chose qui m’avait frappé était la couleur ! Qu’est-ce qu’elle était belle cette couleur ! Moi, qui ne connaissais rien en Art, j’ai été touchée profondément par sa couleur, tellement elle était chaude et touchait mon cœur ! même dans les reproductions sur Internet ! Depuis, je voulais toujours voir des vraies toiles d’elle, et j’ai failli, il y a quelques années, d’aller à Grenoble pour en voir quelques-unes pour la première fois. Malheureusement, le prix des billets de train m’avait fortement dissuadé et je me suis contentée d’avoir le catalogue de l’exposition ! Alors quand j’ai entendu parler d’une exposition d’elle au Centre Pompidou, je me suis réjouie ! Enfin, pour la première fois j’aurai l’opportunité de voir des vraies toiles d’elle (!) et bien évidemment, je suis allée ! Cette fois la couleur était encore plus vivante et les formes encore plus audacieuses que dans les reproductions des livres ! C’était beau !
Georgia O’Keeffe est très connue pour ses fleurs. Ses fleurs agrandies avec des formes audacieuses (comme des épées) et une confrontation de couleurs si unique qui les rend tout de suite remarquables à l’œil passant, autant plus à la période où elles étaient peintes (exposées pour la première fois en 1924). C’est marrant mais à l’époque où elle les avait peintes, les critiques (majoritairement hommes ?) avaient vu en elles des connotations sexuelles (des sexes féminins agrandis) et faisaient allusion à Freud, chose que Georgia O’Keeffe avait refusé et elle était même offusquée ! Pour elle, ses fleurs agrandies auraient gagné l’attention des personnes et les auraient sollicitées à leur donner l’attention que les fleurs (de nature petite) méritent ! « J’ai fait en sorte que vous preniez le temps de regarder ce que j’ai vu et quand vous avez pris le temps de prêter attention à ma fleur, et que vous avez projeté toutes les idées que vous inspirent les fleurs, vous écrivez à propos de mes fleurs comme si vos idées étaient les miennes – mais ce n’est pas le cas ». Moi aussi, je donne raison à Georgia O’Keeffe et la comprend complétement parce que je n’ai jamais pensé au sexe féminin en regardant une fleur, petite ou grande ! Pour moi, ses formes sont plus comme des épées, et d’ailleurs, cette connotation rend les fleurs encore plus surprenantes vue qu’on peint quelque chose de si délicate et fragile avec des épées !
Georgia O’Keeffe a eu l’idée d’agrandir les fleurs probablement aussi parce qu’elle était entourée de photographes de l’époque, grâce à son compagnon et mari Alfred Stieglitz, qui justement jouaient avec la taille de leurs sujets ! En agrandissant la taille de ses fleurs et en leur donnant des formes audacieuses, elle a réussi à transformer une activité assez féminine « peindre des fleurs » en une démarche complétement unique et personnelle ! Pour l’œil d’aujourd’hui c’est dommage que la taille du canvas reste relativement petite mais à l’époque où ces fleurs ont été peintes la taille du canvas restait relativement restreinte !
L’exposition est très belle et enfin on voit Georgia O’Keeffe à Paris ! Elle mérite ! Juste un petit bémol sur la disposition des tableaux dans l’espace que j’ai trouvé un peu chaotique 🙁 J’espère avoir le temps de refaire l’exposition et essayer un autre créneau horaire pour espérer avoir moins de monde !
Bien à vous,
Dimitra
Information pratiques
Jusqu’au 6 décembre 2021
Livre intéressant
Collectif, L’instinct moderne. Ecrits sur Georgie O’Keeffe, Editions du Centre Pompidou, Paris, 2021